Noyade (David Lemoine et Erik Minkkinen) en live à bord de la péniche Gavroche sur le canal de l’Ourcq, dimanche 20 juillet. © Sébastien Baverel

«Tout va bien madame, c’est de la musique expérimentale»

Retour son

Un peu moins de pluie, un peu plus de bruit, entre écoutes au salon, balades au cœur de l’architecture futuriste de Bobigny et voyage hanté sur l’eau, le deuxième week-end de la Bande Originale comme si vous y étiez.

 

Rendez-vous au Pavillon des écoutes

Salon d’écoute des fictions docus radio d'Arte Radio, au pavillon des canaux, à Paris. © Sébastien Baverel

Salon d’écoute des fictions docus radio d’Arte Radio, au Pavillon des canaux, à Paris. © Sébastien Baverel

L’ancien Pavillon des canaux, transformé depuis peu en café-restaurant, accueille depuis samedi 19 juillet et jusqu’au 10 août les séances d’écoute d’Arte Radio, ainsi que le stream de PiNode (un collectif d’artistes sonores dont on vous reparlera très bientôt). Arte Radio, la radio pionnière des docus sonores déviants, différents, podcastés, est invitée par Bande Originale. Sylvain Gire, son fondateur, a choisi des « histoires prenantes, drôles ou terribles » de 2 à 14 minutes pour faire une pause estivale dans la chambre rose du Pavillon des canaux. C’est aussi samedi qu’a été ajoutée à l’application SoundWays la série radio Crackopolis de Jeanne Robet, une histoire à épisodes qui narre la vie d’un ex-accro au crack.

 

L’inauguration du Pavillon des écoutes, samedi 19 juillet à 19 h :

 

Parcours Alphaville : résonance futuriste

Près d’une cinquantaine de personnes (quarante le samedi, sous le soleil, moins le dimanche… sous la grisaille orageuse) ont découvert le parcours d’exploration sonore « Alphaville » concocté par le collectif MU dans l’architecture futuriste de Bobigny à partir des pièces composées par les artistes invités par Bande Originale à créer en relation étroite avec le territoire du canal de l’Ourcq.

Après un début de parcours bucolique, dans le parc de la Bergère, on plonge avec l'audio-guide de BO dans l'archi rétrofuturiste de Bobigny et une atmosphère « Alphaville ». © Sébastien Beverel

Après un début bucolique, on plonge dans l’archi rétrofuturiste de Bobigny. © Sébastien Beverel

Au départ le long du canal à Bobigny, depuis la nouvelle passerelle Pierre-Simon Gérard où est installé le « Bobigny plage » d’été, la promenade prend très vite des allures de course d’orientation : d’abord à travers le parc de la Bergère, à peu près désert, puis dans la cité, en passant par la fraîcheur salvatrice du centre commercial.

Parcours sonore « Alphaville » à Bobigny. © Annick Rivoire

Parcours sonore « Alphaville » à Bobigny. © Annick Rivoire

Casque vissé aux oreilles, audioguide en main, on guette l’un des neufs panneaux du parcours (des flèches toutes simples indiquent les bifurcations, une affiche avec un numéro active la piste sonore suivante). On scrute les sons fantomatiques, enchanteurs comme « Undisclosed Recipients » d’Emmanuel Sabroux ou « Amort » de Sir Alice, parfois carrément angoissants : dans « Bobigny Memories », Julie Crenn recueille les traumas de patients du centre de médecine physique et de réadaptation, « Canal canal » évoque les faits divers macabres de l’Ourcq dragués par la mère médiumnique de Joachim Montessuis. Si on entend l’univers spectral et industriel d’un décor urbain auquel rendent hommage les bandes-sons, on s’y sent aussi Poltergeist face au regard des habitants amusés par l’égarement fatal du « touriste sonore ». Une balade aussi intrigante qu’amusante, entre jeu de piste et décor de cinéma.

Navette expérimentale

Navette sonore le 20 juillet, entre Stalingrad et Bobigny, touristes et amateurs d'expérimentations sonores se mélangent. © Sébastien Baverel

Sur la navette sonore, touristes et amateurs d’expérimentations sonores se mêlent. © Sébastien Baverel

Balancé par le roulis, une brise rafraîchissante sur le visage, un mix sonore évolutif se mêle aux conversations. A bord du Gavroche, la navette sonore a embarqué un groupe de touristes, certains sont là pour l’écoute, d’autres pour le plaisir de la croisière à 2 euros (de Stalingrad à Bobigny). L’un d’eux se dirige vers Hugo Durant, l’ingénieur du son, pour lui signaler que les enceintes ont un problème. « Tout va bien madame, c’est de la musique expérimentale », répond-il avec le sourire. Cette mixité des publics, chère au collectif MU, fonctionne bien. Prévenus par un message au début de la balade fluviale, les passagers acceptent cet environnement sonore très inhabituel et se laissent guider au fil de l’eau.

 

Navette sonore à bord de la péniche Gavroche, le 19 juilllet :

 

Croisière live : good vibrations

La péniche Gavroche, vidée de ses sièges, moquettée et équipée de toute une armada d’amplis, enceintes, micros… quitte Paris vers 20h30 dimanche soir 22 juillet. Joachim Montessuis est aux manettes, mais n’entame son set noise planant qu’au point géographique précis où il habite (après le pont flottant, l’une des curiosités touristiques du canal de l’Ourcq). Sur le pont du Gavroche, parmi les quelque 80 personnes présentes, on discute et contemple l’architecture de la Villette, de la porte de Pantin, au détour desquels les exercices de yoga d’une jeune femme en affolent quelques-uns, avant de se focaliser de nouveau sur les friches réinvesties et les tags.

 

Joachim Montessuis à bord de la croisière live, le 20 juillet :

Alertés par les bruits étranges qui émanent du Gavroche, les résidents et les promeneurs du dimanche soir saluent cet ovni sur le canal, guidé par une musique étrange, de plus en plus intense, une vibration sonore puissante, qui fait trembler le bateau (et accessoirement sauter l’ampli…). Une ondée s’invite à hauteur de Bobigny où le bateau amorce son demi-tour à l’écoute de « Banane ». Les haut-parleurs vibrent aux sons de la pièce créée à partir de « piano-banane » par l’Atelier Méditerranée avec la Clis (classe pour l’inclusion scolaire) de l’école de Charles Auray à Pantin.

 

Erik Minkkinen (Noyade), sur la « scène » flottante de la péniche Gavroche. © Sébastien Baverel

Erik Minkkinen (Noyade), sur la « scène » flottante de la péniche Gavroche. © Sébastien Baverel

On s’affaire sur le pont à installer le matériel pour Noyade, projet d’improvisations de David Lemoine (Cheveu) et Erik Minkinnen (Sister Iodine). La nuit tombe en même temps qu’ils jouent.

 

Noyade en live et en impro, le 20 juillet sur la péniche Gavroche :

 

Le premier essai est fragilisé par des problèmes techniques, vite démélés à force de câbles par quatre créations en déconstruction avec les effets de guitare et de synthé et les hurlements fous de David Lemoine qui font planer un public qui accoste ravi devant la Rotonde, à 22h30.

David Lemoine (Cheveu), ici en formation Noyade (avec Erik Minkkinen) psalmodie ses vibratos en live sur la croisière de Bande Originale. © Sébastien Baverel

Une croisière hantée par les vibratos de David Lemoine. © Sébastien Baverel

Texte : Adrien Pollin, Sarah Brown ; photos : Sébastien Baverel, Annick Rivoire ; vidéos : Benoît Méry, Sybil Montet, Clémence Reliat (son).

 

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Le 23 juillet 2014
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