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Bande Originale, c’est comme au cinéma

Retour son

Premier week-end sans pluie sur Bande Originale ! Et troisième séance marquée par un baptême à l’eau de l’Ourcq, un « Remake » à Pantin et une croisière live qui joue avec les ponts. Flashback.

π-Node : danse avec les ondes

Le collectif π-Node s’est emparé samedi 26 juillet du Centre national de la danse à Pantin pour le transformer en gigantesque acousmonium, un orchestre de haut-parleurs avec différentes sources sonores, et jouer des frictions des ondes radio sur les parois de béton du bâtiment réalisé par l’architecte Jacques Kalisz en 1965.

Dans les méandres de béton du CND, impossible d'échapper aux ondes, elles sont partout !

Dans les méandres de béton du CND, impossible d’échapper aux ondes, elles sont partout.

À l’accueil, les hôtesses de Bande Originale proposent des radios portables de toutes formes : minisolaire, rétro, même canard. Certains visiteurs sont venus avec leur propre poste. Par petites grappes (une petite centaine de visiteurs sont passés par le CND), ils empruntent les longues rampes intérieures pour capter les flux émis par les antennes disséminées dans tout le bâtiment, jusqu’au dernier étage.

Dans une pièce backstage, une dizaine d’artistes performers, casque sur les oreilles, s’agitent face à leur ordi, certains lisent un texte, d’autres rejouent des flux audio…

Streams, flux hertziens, se mêlent, nourris par une bande de performers invisibles.

Streams, flux hertziens, se mêlent, nourris par une bande de performers invisibles.

Ils sont en permanence huit à performer en direct sur l’un des streams audio, qui convergent ensuite vers la fréquence FM 108. Les streams se chevauchent, les sources se mélangent et se cognent littéralement à l’architecture brutaliste du CND. La radio est plus qu’un simple outil de captation des ondes, elle joue avec le déplacement de celles-ci. En l’absence visible des performers, le spectacle tient dans l’improbable chorégraphie du public en quête des sources sonores. Dans chaque recoin du bâtiment, antenne aux aguets, leur ballet anarchique rend palpables la propagation et le mélange des ondes hertziennes et des flux numériques.

π-Node au CND à Pantin, le 26 juillet :

« Remake » à Pantin

Quelque quatre-vingt personnes ont exploré samedi et dimanche les œuvres sonores du parcours dessiné à Pantin, soit cinquante minutes qui lient le passé et le présent, à l’image d’une ville en pleine mutation.

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Dérive à Pantin, au son de l’audioguide.

Le point de départ des déambulations, ou plutôt « des égarements essentiels à l’expérience » selon Olivier Le Gal, du collectif MU, est l’ancien bâtiment des Douanes. Un clin d’œil allégorique au voyage dans le temps dans ce paysage en perpétuelle transformation, composé de graffitis éphémères et de chantiers. Les 20.000 mètres carrés d’entrepôt, après avoir été laissés aux street-artistes, seront transformés en bureaux pour l’agence de publicité BETC d’ici deux ans.

Travelling avant sur la navette sonore

Ce week-end encore, les navettes sonores ont navigué sur leur succès. Un public ému par « l’effet de travelling où les gens de la Villette paraissent être des figurants » comme le dit une étudiante en cinéma qui a pris sa place « par hasard ». Une vraie chanceuse au regard de la quinzaine de personnes laissées à quai lors de la dernière navette de 17h30 le dimanche ! Sur la péniche, un enfant de six ans s’esclaffe face à la vague qui l’éclabousse au croisement d’une imposante navette… Chacun, légèrement baptisé à l’eau de l’Ourcq, comprend à ses dépens qu’avec le festival Bande Originale, ce sont tous les sens qui sont convoqués…

Deux maîtres à bord de la navette sonore :  le capitaine et celui qui s'occupe du son.

Deux maîtres à bord de la navette sonore : le capitaine et celui qui balance le son.

Vincent Epplay, Jac Berrocal et les ponts

Chapeau sur la tête, classe et impassible, Vincent Epplay est aux manettes sur le pont pour la troisième croisière live de BO, dimanche 27 juillet à 20h30. La péniche Gavroche résonne aux sons apaisants de ses consoles. En face de lui, les passagers surexcités échangent de vives salutations avec les promeneurs et les résidents des rives qui accueillent la mystérieuse procession navale avec autant de sourires que de curiosité. Des cyclistes accompagnent même la balade, profitant de la musique.

Jac Berrocal (à g.) et Vincent Epplay (à dr.) sur le Gavroche le 27 juillet.

Jac Berrocal et Vincent Epplay sur le Gavroche le 27 juillet.

Les conditions ne sont cependant pas des plus confortables pour les performers, rappelle le musicien et plasticien : côté acoustique, les sonorités en extérieur sont volatiles, l’espace est confiné, à ces contraintes s’ajoutent les mouvements du bateau. Pourtant, ce dispositif atypique et original permet de jouer avec l’architecture, et notamment celle des ponts qui agissent comme de formidables machines à échos, où le capitaine de la péniche devient alors le complice de l’improvisation. A la demande préméditée de l’artiste qui avait assisté au live de Noyade le dimanche précédent, le capitaine ralentit à la limite du surplace sous les ponts traversés.

Pour les musiciens, les ponts servent de machines à échos.

A l’approche des ponts, la tension monte, le bateau ralentit.

Extrait de la performance de Vincent Epplay et Jac Berrocal (avec passage de pont intégré…):

 

Et l’alchimie fonctionne parfaitement, notamment en duo avec la trompette de Jac Berrocal pour une performance enchanteresse sur le chemin retour à Paris 19e. Les cuivres jazz, entre accents des Balkans et sonorités qu’un Miles Davis n’aurait pas reniées, s’imbriquent dans les nappes électroniques lancinantes à l’abordage poétique de la nuit, pour une contemplation sensorielle totale.

Vincent Epplay et Jac Berrocal live dans Bande Originale:

 

Textes et son Adrien Pollin, Sarah Brown, Annick Rivoire ; photos : Jipé Corre, vidéo : Benoît Méry, Sybil Montet, Clémence Reliat (son).

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Le 30 juillet 2014
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