© Sarah Brown

π-Node, la radio libre

Artistes, Au programme

π-Node pousse la radio hors de ses retranchements, mêlant Web et FM, radio-hack, émissions pirates, studios mobiles et acousmoniums hertziens. Explications avec une poignée de protagonistes de ce collectif vraiment pas comme les autres.

 

π-Node émet depuis le Pavillon des canaux (Paris, 19e) et sur le Web pendant toute la durée de Bande Originale. Cette plate-forme hybride – webradio et radio FM – présente des contenus (créations, collaborations, agrégation d’émissions existantes, interventions des auditeurs) diffusés sur la bande FM locale et en stream sur le site http://p-node.org. Ce 26 juillet, π-Node installe un acousmonium (un « orchestre » de haut-parleurs) hertzien au Centre national de la danse à Pantin, avant, le 2 août prochain, d’aller placer un studio mobile dans le parc de la Villette. Et invite l’auditeur à se déplacer entre les différentes fréquences, parfois avec sa propre radio. Alors, à vos transistors ! 

 

C’est quoi exactement le projet π-Node ?

Pierre Node (*) : π-Node est à la fois un groupe de personnes qui mènent des recherches dans un intérêt commun et un projet en construction autour de ces intérêts communs, qui sont : mission FM, art radiophonique, streaming et plate-forme internet.

Pascal Node : Cette plate-forme utilise le système de diffusion ancien qu’est la radio, auquel on ajoute les technologies d’aujourd’hui. Elle est expérimentale dans son mode d’utilisation, en termes de performance et de création artistique.

 

Extrait d’une performance de π-Node à Berlin en janvier 2014 (le texte est généré par un logiciel de reconnaissance vocale branché au flux radio) :

Paul Node : π-Node questionne la transmission et la possibilité d’un art de la transmission.

Pauline Node : Comme la TV, la radio passe au numérique. La bande hertzienne va alors devenir un terrain d’expérimentation, un endroit caché.

 

C’est un collectif d’artistes ?

Pauline Node : Comment travailler à plusieurs de manière horizontale sur un projet ? L’une des réponses consiste à monter un projet ambitieux dans lequel chacun trouve sa place spontanément. Au lieu de définir des rôles, de s’attribuer des tâches de manière hiérarchique et structurée, nous créons un contexte dans lequel chacun trouve son intérêt et développe sa propre recherche, tout en contribuant au collectif. Un des champs d’expérimentation de π-Node est de construire une entité dont les membres peuvent être variables, d’où le fait que nous souhaitons rester anonymes.

Pascal Node : Le projet change en fonction des personnes présentes. Un musicien va donner des idées qui ne seront pas techniques mais qui vont faire avancer le projet. On ne sait pas forcément qui va être là, ce qu’on va faire. Cette organisation un peu chaotique favorise une vraie dynamique de groupe. On peut être en désaccord pendant une semaine mais ça finit toujours par se débloquer parce que nous sommes dans une pratique d’urgence, la construction de quelque chose d’éphémère.

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Vue depuis le CND à Pantin sur le canal de l’Ourcq, où π-Node installe ses postes de radio.

 

Qu’avez-vous imaginé pour Bande Originale ?

Paul Node : A Pantin, nous proposons un jeu de multidiffusion : plusieurs émetteurs seront utilisés, donc plusieurs sources live sur des radios disposées dans le bâtiment. Les émetteurs étant peu puissants, il est possible de jouer sur leur périmètre de diffusion, voire leurs « zones d’ombre ».

Pierre Node : Nous nous intéressons à la réalité physique des ondes et leurs propagations, à leurs propriétés, leurs spécificités. Les petits émetteurs vont davantage subir leur environnement que s’imposer à lui, et sont alors davantage susceptibles de révéler un contexte, la réalité d’un parcours, d’une architecture, d’un urbanisme. Et révéler l’existence de ces ondes.

Pascal Node : Nous diffusons d’abord depuis le CND, puis nous disposerons des émetteurs tout le long du canal de l’Ourcq depuis Stalingrad jusqu’à Bobigny. En cela, nous rejoignons Bande Originale.

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Antenne radio en mode DiY: le collectif utilise tous les moyens existants pour augmenter la diffusion radio.

Pauline Node : Nous sommes sur un réseau ultra-organique qui change constamment. Nous travaillons sur des dispositifs locaux qui vont s’additionner ou se soustraire. Nous allons aussi travailler avec deux radios et leur studio mobile, Radio Campus à la Villette le 2 août et Radio Libertaire au CND le 7 août. En mutualisant nos fréquences et les leurs, π-Node va changer d’amplitude et de dimension.

Paul Node : Nous ne sommes pas là pour proposer un produit culturel spectaculaire, mais plutôt pour travailler ensemble et tester les envies des uns et des autres, construire des briques qui densifient le projet.

 

Leur site : http://p-node.org/

Si vous souhaitez interagir avec π-Node, vous pouvez téléphoner au 0049 301 207 49 67 et vous passerez en direct. Vous pouvez suivre les actions en cours sur le site et un chat est ouvert pour communiquer avec l’équipe. Vous pouvez aussi vous rendre avec ou sans vos transistors au CND, à Pantin, où π-Node est en résidence jusqu’au 9 août.

—> le samedi 26 juillet, CND Pantin, 1 rue Victor-Hugo. De 18h à 20h, entrée libre. Accès : Métro ligne 5 arrêt Hoche / RER E arrêt Pantin. (voir la carte)

—> le samedi 2 août, le collectif installera son studio au parc de la Villette toute la journée.

 

(*) Les membres du collectif s’appellent entre eux Pierre Node, Pauline Node, etc. Comme ils tiennent à rester anonymes, nous avons adopté cette convention pour distinguer la parole de l’un ou de l’autre. 

 

Interview et photos : Sarah Brown.

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Le 26 juillet 2014
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